«Tout homme qui s’unit corporellement avec une femme éprouve d’abord du plaisir et ensuite de l’amertume : lorsque la semence est écoulée, le corps est las et l’esprit abattu. Il en est tout autrement quand l’adepte cause la réunion de l’esprit et de l’énergie… »
Serait-ce possible alors ?
Ce graal dont parle le fameux Mystère de la fleur d’or, traité alchimique chinois taoïste, est-il à notre portée ?
La voie taoïste peut-elle nous élever au-delà de la sexualité ordinaire et même libérer en nous une énergie insoupçonnée ?
Visite guidée au cœur du sexe sacré.
De récentes études1 constatent que les personnes qui font l’amour régulièrement (trois fois par semaine) vivent plus longtemps. Non seulement la bagatelle ne serait pas néfaste pour le cœur, mais, bien au contraire, elle protégerait des maladies cardiovasculaires, et même de certains cancers. Bref, après la découverte
du Viagra®, la médecine occidentale nous annonce comme un scoop que faire l’amour, c’est bon pour la santé ! En Asie, les textes anciens mentionnent déjà la sexualité comme « tactique anti-âge » pour maintenir la vitalité et prolonger la longévité.
La différence est de taille : 3 000 ans de recul et surtout une « méthodologie » éprouvée qui demande simplement de laisser tomber ses préjugés, d’y mettre du sien et surtout du « soi ».
L’énergie sexuelle, c’est quoi ?
En Occident, on pense « libido » (désir en latin) et forcément aux travaux de Sigmund Freud qui l’a théorisée comme étant le substrat énergétique, moteur et dualiste, source de toutes pathologies. Qui peut, certes, se sublimer, mais dont l’essence toujours sexuelle percute le désir de vie et de mort de plein front. Dans la culture judéochrétienne, cet élan vital semble vécu, perçu, analysé et décortiqué plutôt comme un problème.
En Asie, la perception est différente. La source de vie, appelée jing, est considérée comme l’énergie la plus noble qui soit ; elle alimente, accompagne et préside à toutes les transformations tout au long de la vie, pour grandir (adolescence et maturation sexuelle), vieillir puis mourir (épuisement du jing). Le jing est reçu en héritage de ses deux parents (composante transgénérationnelle ou génétique) et s’épuise avec le temps en fonction de ce que l’on en fait. Aussi, pour que dure longtemps ce « capital vie », mieux vaut en prendre soin, ne pas le gaspiller. Voire l’auto-régénérer. Et c’est bien ce que proposent la médecine chinoise avec toute la démarche yang shen et le
taoïsme avec l’alchimie interne.
L’acte sexuel est-il fatigant ?
Question de taille longuement controversée que se posent à chaque veille de match les sportifs de haut niveau : l’acte sexuel puise-t-il dans l’énergie vitale ? Si le sentiment amoureux donne des ailes, l’acte sexuel
en lui-même peut être ressenti comme éprouvant physiquement…
D’autant plus qu’on avance en âge. D’ailleurs, spontanément, le nombre de rapports
sexuels diminue souvent avec l’âge.
Est-ce une question de désir qui s’émousse ou d’une vitalité qui diminue, ou tout cela se mélange-t-il dans la marmite de l’essence de vie qui bouillonne moins fort ? L’Occident, pour sa part, compte en nombre de calories, soit 150 kcal pour un rapport de d’environ 12 minutes (la moyenne européenne chrono en main) ou, en équivalent sport, une petite centaine de marches d’escalier montées plus ou moins frénétiquement.
Pour les Chinois, le boulier est différent.
Ils considèrent que l’éjaculation est une source de déperdition du jing, cette énergie vitale si précieuse qu’il ne faut pas la dilapider outre mesure sous peine d’avoir une petite mine le matin.
Les Chinois préconisent donc d’économiser la semence lors des rapports sexuels.
Mais aussi de faire durer le plaisir. Un casse-tête pas si chinois que cela, puisque bon nombre des techniques ont été reprises par des sexologues tout à fait occidentaux pour traiter les soucis d’éjaculation précoce.
Orgasme ou extase ?
La question taraude surtout les hommes ! Renoncer à l’éjaculation ne leur semble ni facile ni enviable, quant à l’extase… faut voir.
Dans la vision chinoise taoïste, la sexualité est comprise comme un tout où corps et esprit ne font qu’un, mais sans oublier le lien entre les deux : le cœur.
Le concept ne se limite ni à l’organe en tant que pompe mécanique, ni à ce qu’on appelle les sentiments.
« En effet il y a trois dan tian2, qu’on peut assimiler à des centrales énergétiques : le dan tian inférieur (correspondant au bas-ventre), le moyen (la poitrine) et le supérieur (le cerveau), explique Joanna Adamus,thérapeute et praticienne en médecine traditionnelle chinoise.
Dans une démarche, sexo-énergétique, dirons-nous, l’énergie sexuelle (aussi appelée énergie vitale), qui a son siège dans le dan tian inférieur, se sublime en un qi plus fluide, moins matériel et plus subtil dans la région moyenne, puis se transforme en shen, qui est ni plus ni moins que l’esprit ou la conscience pure, au niveau
supérieur. Cette dernière venant réalimenter l’énergie vitale dans une sorte de mouvement perpétuel de l’énergie. La pensée chinoise est difficile à traduire et les mots sont parfois trompeurs.
En fait, il n’y a pas d’échelle de valeur, simplement une circulation, une transformation des flux qui nous anime,
qui nous habite, qui s’effectue donc naturellement…
Quand il n’y a pas de blocage ! Il est courant dans nos sociétés de constater souvent chez les hommes et aussi chez
les femmes, un “oubli” du centre du cœur qui comme une fleur ouvre sur soi et sur l’autre dans la relation sexuelle.Dans ce cas, on est comme coupé en deux dans sa sexualité. »
Ésotérique ou bien physique ?
De nombreux travaux scientifiques très récents vont justement dans le sens de cette libre circulation du
qi, et montrent des relations systémiques fortes entre le ventre, le cœur et le cerveau.
On vient, en effet, de découvrir que les intestins ne sont pas juste des tuyaux (on les qualifie même de deuxième cerveau), mais qu’ils produisent 80 % de l’immunité et communiquent en direct avec le cerveau via des neurotransmetteurs et le nerf vague (nerf pneumogastrique ou encore nerf cardio-pneumoentérique) qui, au passage, échange des informations avec le cœur. Ce dernier aussi « échange » avec le cerveau, qu’il peut influencer grâce à la variabilité cardiaque lorsqu’il se synchronise avec le système respiratoire sur une fréquence de résonance particulière (0,1 Hz) qu’on appelle la cohérence cardiaque. Sans entrer dans le détail, la physique ondulatoire
démontre que, lorsque le cœur résonne bien, le cerveau, lui, raisonne mieux, qu’il devient plus enclin à l’équanimité.
De là à parler d’ouverture de la conscience, il n’y a qu’un pas.
Jouissance plus ample
L’orgasme peut se dissocier de l’éjaculation. La bonne nouvelle : on peut même obtenir un plaisir et une jouissance
beaucoup plus amples… Pour l’homme, c’est la première prise de conscience pour faire évoluer la sexualité vers une
pratique énergétique. Mais il ne suffit pas de retarder ou d’interrompre l’acte sexuel (avant l’orgasme) pour régénérer l’énergie primordiale, il faut apprendre à utiliser les techniques qui permettent de ressourcer
et d’augmenter l’énergie jing en circulation au moment où l’on sent l’orgasme monter.
Les témoignages indiquent qu’on y vient surtout par deux biais :
quand la sexualité interroge ou parce qu’on a déjà mis en route une pratique énergé-tique (yoga, art martial, tai
chi, qi gong). Dans le deuxième cas, la démarche est plus facile, car elle s’effectue dans la continuité de la pratique énergétique.
Pour qui, pourquoi ?
Dans la réalité, et peut-être contrairement à ce qu’on pourrait penser, la sexualité à visée énergétique va toucher plutôt ceux qui ont une sexualité épanouie ou satisfaisante au sens entendu de la sexologie occidentale. C’est-
à-dire pas ou peu de tabous, du désir qui fonctionne bien, un plaisir qui vient bien et des orgasmes très honorables.
Alors pourquoi chercher plus loin ? Pressentirait-on qu’il y a du sacré et du divin qui se nichent derrière le plaisir ? Qu’on aurait entrevus, mais loupés dans le feu de l’action…
Est-ce cela, cette sensation de vide, d’absence, d’illusion brûlée qui rend l’homme si triste après l’amour, même quand il y a de l’amour. Et la femme est-elle simplement blessée de voir son homme si triste ?
Peut-être, c’est ce qui semble se dégager des témoignages qui nous disent tous que lorsque faire l’amour devient moins mécanique et sportif, que lorsqu’on s’implique dans une démarche énergétique incluant la sexualité, l’orgasme devient finalement très accessoire, tant ce que l’on ressent remplie et fait vibrer autrement.
Notes 1. Le professeur David Weeks, de l’hôpital d’Édimbourg, conclut, au terme d’une étude portant sur 3500 personnes de 18 à 102 ans, que « trois rapports sexuels par semaine permettent d’allonger la durée de vie de dix ans». 2. Concept et localisation équivalents aux chakras.
Article paru dans le numéro 75 de la très bonne revue Nexus.
Pour aller plus loin , nous recommandons la lecture des livres de Mantak Chia sur l’art de cultiver l’énergie sexuelle.
'Le Tao et l’art du « kung-fu sexuel »' have 10 comments
11 janvier 2016 @ 15 h 04 min Nagesh
Point de vue côté mâle:
Je déconseille d’appuyer sur le périnée fortement pour ne pas éjaculer si l’orgasme arrive; certes on peut ne pas émettre de sperme, mais ce n’est pas naturel et sain pour l’organisme. De toute façon les spasmes arrivent et le sperme est dévié dans le corps ce qui n’est pas souhaitable.
Pour le reste, la pratique seule nous fait prendre conscience que la rétention prolongée sans jouer avec l’instinct comme je disais au-dessus, est gage de dynamisme, de santé, etc, en fait les bienfaits sont tellement nombreux que l’on se demande bien pourquoi rechercher un plaisir qui dure si peu temps avec un prix si grand à payer en conséquence…
C’est de toute évidence une discipline incontournable pour un yogi ou un Taoïste. Le refus de cette discipline entraîne à coup sûr une vie misérable avec maladies et mort prématurée.
9 mars 2016 @ 10 h 24 min guillotin pascal
Bonjour à tous et merci Na gesh de cet éclairage ! Je pratique avec bonheur la rétention prolongé sans autre manipulation que celle de celles la gestion énergétique du temps et du mouvement mais je n’arrive pas à m’affranchir d cette douleur qui survient après un long amour ! As tu un éclairage sur cet aspect ??
merci pascal
9 mars 2016 @ 10 h 36 min Yoganova
Bonjour Pascal, je me permet de répondre mais je suis sur que Naguesh apportera aussi son éclairage.
La douleur dont vous parler se situe elle au niveau des testicules ? Si oui, c’est le syndrome que les anglais appellent joliment « blue balls ».
C’est un effet relativement courant chez les personnes qui pratiquent la rétention depuis une date relativement récente. Il ne faut pas s’alarmer, cela passe avec le temps. Un bon truc est d’aller à la douche et de passer toute la région entourant le lingam ainsi que les testicules sous l’eau bien fraîche pendant une minute…Bonne pratique Pascal !
9 mars 2016 @ 21 h 06 min guillotin pascal
Grand merci …. C’est bon de sentir l’appui d’une communauté sur ces sujets !
15 mars 2016 @ 22 h 22 min Hermès
Bonjour,
J’aimerais plus de renseignement sur le Tao-sex dans le but de satisfaire pleinement ma compagne, est-ce que quelqu’un maîtrise cette discipline et pourrait m’éclairer sur son apprentissage ?
9 mai 2016 @ 11 h 07 min Blandine
sans oublier que l’homme qui comble sa compagne est celui qui sait l’écouter quand elle en a besoin, faire la vaisselle comme si cela lui était parfaitement naturel et des milliers d’autres choses qui le rendent très désirable.
9 juin 2016 @ 0 h 08 min Ulyssien
« Je te fais cette promesse : le breuvage qu’elle a donné à Tristan, et qui lui a valu tant de malheurs depuis, je l’ai goûté aussi avec la reine Yseut que je vois ici ! Demandez-le-lui ! Si elle affirme que c’est un mensonge, alors j’ai fait un songe car j’ai rêvé toute la nuit ! Roi, tu ne sais pas tout encore. Regarde-moi attentivement : ne suis-je pas Tantris ? […] »
( Extrait de LA FOLIE TRISTAN – Manuscrit de Berne)
9 juin 2016 @ 13 h 56 min camillerousselle1983
Je vous conseille un livre qui explique cela avec joie et léègerte intitilé le TAO de l’art d’aimer
8 juillet 2017 @ 14 h 44 min lecas simon
bonjour,je pratique l injaculation depuis plusieurs mois suite a la lecture d un livre « la sexologie du tao »que je vous conseille vivement.
en pressionnant le point d acupuncture appelé jen mo situé entre l anus et le scrotum ;si c est fait correctement le sperme doit passer dans le sang si non il passe dans la vessie et est évacué(ce qui n est pas l idée de la démarche)
.
et il n y a rien de mauvais au contraire le sperme étant un substance très riche en nutriment tout le corps en beneficie. de plus avec cette technique la plupart du temps le pénis peut rester en érection plus longtemps.
15 juin 2018 @ 22 h 11 min Daniel
Bonjour
Je n’ai aucune connaissance sur ce sujet du côté chinois , j’ai mis en rapport cet extrait de l’article et un extrait du Hatha Yoga Pradipika
« Pour les Chinois, le boulier est différent.
Ils considèrent que l’éjaculation est une source de déperdition du jing, cette énergie vitale si précieuse qu’il ne faut pas la dilapider outre mesure sous peine d’avoir une petite mine le matin.
Les Chinois préconisent donc d’économiser la semence lors des rapports sexuels ».
Il y a peut-être un lien avec :
88) Le connaisseur du Yoga qui préserve son sperme vainc la mort. La mort vient de l’émission du Bindu, la vie de la rétention du sperme.
Hatha Yoga Pradîpikâ, Chapitre III
Mais je laisse ce sujet aux lecteurs mieux informés.
Daniel